Où sont passés les vers de terre, les fabricants de sol ?
Depuis les années 50, la population moyenne de vers de terre dans un hectare est passée dans la surface agricole utile française (S.A.U) de 2 tonnes à moins de 100kg, entrainant dans sa chute une partie de la biodiversité. Les grands vers de terre, qui font partie de la faune anécique, vivent très profond dans la terre : « le ver de terre sort tous les jours à la surface, vient chercher la matière organique, fait demi tour et vide son intestin pour faire un curicule et redescend. Ils mélangent constamment argile et humus, ce sont de grands fabricants de sols » en aérant et brassant le sol de la surface vers le fond.
Les Bourguignon observent le terroir au microscope
Claude et Lydia Bourguignon étudient le sol plus encore que la terre et ils passent les deux tiers de l’année à le fouler en France et à l’étranger et à y creuser des trous. Ils observent, sentent, goûtent la terre avant d’en extraire des échantillons à différentes profondeurs sur lesquels ils effectuent des réactions chimiques sur place pour en définir la composition. Puis, ils les étudient au microscope dans le coffre de leur véhicule tout terrain avant de les ensacher pour une observation plus précise dans leur laboratoire en Bourgogne. Parmi leurs clients en Bourgogne, on retrouve beaucoup de noms connus dans la viticulture comme la Romanée Conti, Leflaive, le Clos de Tart, Dujac, Drouhin, Lafon, Antoine Jobard…
Un sol lunaire bientôt sur la terre ?
Claude Bourguignon estime qu’on perd aujourd’hui sur un sol agricole d’agriculture conventionnelle en moyenne « 10 tonnes de sol par hectare et par an » (dans certains cas, on atteint 100 tonnes par an et par ha dans les zones où le sol est plus fragile (ex : bassin de la Canche dans le Pas-de-Calais, au nord de la France). Il indique que le sol, loin d’être inerte, contient 80% de la biomasse de la Terre et ne nécessite aucun engrais et donc aucun pesticide. Il recommande également de changer les habitudes relatives aux espèces cultivées en remplaçant par exemple la culture du maïs (trop consommatrice d’eau et peu adaptée au climat européen) par celle du sorgho. Il prône le retour aux haies et à une agriculture agro-sylvo-pastorale et considère que le moyen le plus rapide et efficace de faire renaître un sol mort est l’utilisation massive du bois raméal fragmenté.
Sources : site de la LAMS et Wikipedia
Maj : le couple Bourguignon envisage de cesser son activité sur la RVF
« Notre rôle n’est pas valorisé et personne ne parle de nous », constate Claude Bourguignon, qui poursuit : « Les bénéfices de nos recommandations sont empochés par les autres. Lorsqu’un vin est bon, on félicite l’œnologue et jamais celui qui s’est occupé de redonner vie aux sols. Or, il n’existe aucun grand vin sans l’expression de son terroir ». Révéler l’expression du terroir, c’est là tout le travail que s’attachent à mettre en œuvre, avec talent, ces deux anciens chercheurs du CNRS, au sein de leur laboratoire LAMS, créé en 1990 et dont la survie est désormais menacée.